Futur proche.
Deux scientifiques mettent au point un procédé révolutionnaire permettant de retourner dans le passé. Une seule et unique fois par période visitée, pour une seule et unique personne, et sans aucune possibilité pour l’observateur d’interférer avec l’objet de son observation. Une révolution qui promet la vérité sur les périodes les plus obscures de l’histoire humaine.
Plus de mensonges. Plus de secrets d’État.
Créée en 1932 sous mandat impérial japonais, dirigée par le général Shiro Ishii, l’Unité 731 se livra à l’expérimentation humaine à grande échelle dans la province chinoise du Mandchoukouo, entre 1936 et 1945, provoquant la mort de près d’un demi-million de personnes… L’Unité 731, à peine reconnue par le gouvernement japonais en 2002, passée sous silence par les forces d’occupation américaines pendant des années, est la première cible de cette invention révolutionnaire. La vérité à tout prix. Quitte à mettre fin à l’Histoire.
Le Bélial – 112 pages – 8,90 euros.
Une novella humaine qui met sur le devant de la scène des événements oubliés et tenus secrets…
Avec cette nouvelle publication de la prestigieuse collection Une Heure Lumière publiée aux éditions Le Bélial, me voici reparti à la découverte d’un nouvel univers. Mais pourtant pas d’un nouvel auteur, puisque j’avais déjà pu lire un autre de ses ouvrages de la même collection, Le Regard, qui m’avait beaucoup plu et m’avait permis de mettre des mots sur le nom de Ken Liu !
Akemi Kirino était une professeur reconnue, mais aussi directrice des laboratoires Feynman. Sa beauté ne nécessitait pas une once de maquillage, et seuls quelques cheveux blancs venaient ponctuer sa coloration noire naturelle. Elle allait admirer les étoiles, comme elle aimait le faire. Elle observait l’étoile de la constellation de la Balance, que l’on a nommé Gliese 581. Située à vingt années-lumière, elle y voyait là l’image qu’elle donnait vingt années auparavant. Les meilleurs des télescopes peuvent apercevoir jusqu’à 13 milliards d’années en arrière vers le passé. En envoyant un tel dispositif aussi loin de notre planète, on pourrait voir la capitulation du Japon sur l’USS Missouri. Et plus le chemin serait grand entre le télescope et notre planète, plus on verrait dans le passé, avec les débuts de notre civilisation et de l’espèce humaine…
Mais une fois chaque souvenir aperçu, les photons qui le composaient disparaissaient à jamais, captées par les yeux du télescope. C’étaient là des moments qui s’envolaient à tout jamais de l’univers. Tout ceci n’était qu’une aberration, puisqu’on avait jamais projeté un objet pour qu’il dépasse la vitesse de la lumière et puisse capter ce que l’on souhaitait voir. Il existait toutefois un moyen de tricher. Des particules subatomiques nouvelles se créaient régulièrement, d’un type bien distinct, qui se nommaient les particules de Bohm-Kirino. C’est la professeure Akemi Kirino qui avait découvert leur existence, et, surtout, que ces particules se composaient en paires. Lorsqu’une de ces particules se créait sur Terre, sa jumelle était projetée à la vitesse de la lumière loin de celle qui demeurait ici. Leur particularité physique était intéressante, puisqu’elles possèdaient les mêmes propriétés physiques…
Une montée en puissance des émotions et une lutte philosophique sur le bien-fondé du voyage dans le temps !
Je dois dire que j’ai été transporté par cette novella, ainsi que par toutes les réflexions qui en découlent, au sein même de l’intrigue, comme de celles qu’elle génère. Au départ, l’aspect un peu trop philosophique du texte m’avait rebuté, mais aussi parce que l’histoire était un peu lente à démarrer. J’ai nettement préféré lorsque, enfin, l’auteur a donné un gros coup de fouet pour lancer la machine à suspense et à page-turner. Il est devenu difficile de se défaire de cette histoire, mais bien heureusement, celle-ci se lit extrêmement rapidement et permet de la dévorer sans détourner le regard une seconde ! Les histoires de voyage dans le temps sont des choses qui me plaisent, vous le savez certainement si vous avez lu mes chroniques sur la saga des Time Riders. Cette fois-ci, la réflexion est beaucoup plus poussée que ce que j’ai pu lire par le passé. Même dans une histoire de taille modeste, j’ai retrouvé pas mal de points très intéressants.
Pour commencer, j’ai trouvé que cette novella était très poétique. Non seulement par les images qu’elle véhicule, mais aussi par ses idées fabuleuses. Le fait de penser que les photons propagent dans l’infini de l’espace tous nos souvenirs est exceptionnel, mais tellement vrai. On voit, grâce à nos télescopes, l’image que donnait les planètes et étoiles que l’on observe, avec autant de délai que la distance qui nous sépare en années-lumière. Alors si l’on possédait un télescope qui se situe aux frontières de l’univers, et disposant d’un zoom jusque là inégalé, on pourrait apercevoir la naissance de notre monde et même nos propres existences si on faisait varier la distance de l’observateur. Le simple fait de penser que la lumière transporte avec elle notre image est d’une beauté certaine. L’auteur a su trouver les mots pour faire parvenir jusqu’au lecteur ses idées et ses émotions.
La forme de cette novella est inédite pour moi, mais pas tant que ça puisqu’elle a été inspirée d’une lecture de l’auteur. C’est comme si je m’étais mis à lire un scénario de film, avec ses descriptions avant chaque scène et les paroles du réalisateur pour remettre en place certains comédiens durant le tournage. C’est quelque chose de peu habituel qui ne dérange en rien la lecture et donne un aspect un peu plus visuel au récit. Car celui-ci ne manque pas de surprendre avec quelques dénouements qui viennent se révéler au fur et à mesure. L’Homme qui mit fin à l’Histoire est une novella poignante qui met en lumière des faits réels dans une intrigue mise en scène avec beaucoup de talent. Mis à part l’aspect hard science-fiction très développé, tout comme celui de la philosophie d’ailleurs, des personnages admirables viennent tirer l’histoire vers le haut. Je mets un point d’honneur à saluer Evan Wei, qui, avec ses ambitions, voulait que des atrocités perpétrées pendant la guerre ne soient plus jamais commises. Mais c’était sans compter sur les conséquences insoupçonnées de son invention commune avec sa femme…
Ma note : 4,5/5