L’humanité a colonisé le système solaire au bénéfice de consortiums privés omnipotents régnant sur les transports spatiaux. Et ce jusqu’à la plus infernale des planètes, Vénus, dans l’atmosphère létale de laquelle flottent de stupéfiantes cités volantes, véritables miracles de technologie high tech.
Plusieurs milliers d’entre elles sont sous la coupe d’un seul et même individu, Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum, le sultan des nuages, qui n’entrera en pleine possession de son héritage qu’une fois marié, et dont l’immense pouvoir attire toutes les convoitises.
Pour David Tinkerman et le Dr Léa Hamakawa, scientifiques récemment arrivés de Mars en vue d’une expertise, les forces souterraines à l’œuvre autour du jeune satrape vont vite s’avérer plus mortelles que Vénus elle-même…
Le Bélial – 107 pages – 8,90 euros.
Une novella Vénusienne poétique et nimbée de mystère
J’ai été très intrigué par le concept même des éditions Bélial : Une heure lumière. Des novellas courtes qui permettent de s’envoler vers un univers imaginaire le temps d’une lecture d’environ une heure. Et comme le temps me manque ces derniers jours, j’ai sauté le pas en choisissant Le Sultan des Nuages parmi la collection proposée. J’ai dévoré cette novella en un temps record, et je n’ai pas été déçu le moins du monde, sauf peut-être… 😛
Léa Hamakawa est une femme brillante. Scientifique et très professionnelle, elle va recevoir une lettre d’un genre inattendu. Un individu, le sultan des nuages, nommé « Carlos Fernando Delacroix Ortega de la Jolla y Nordwald-Gruenbaum » – rassurez-vous, vous comprendrez pourquoi il y a autant de noms au cours de votre lecture 😛 – la presse de rejoindre Vénus pour une conversation au sujet de ses recherches sur l’écologie Martienne.
Son collègue, David Tinkerman, se demande bien si il va pouvoir l’accompagner dans son périple. Il ne semble en effet pas convié au rendez-vous. Léa va très vite le rassurer en lui annonçant que rien ne s’oppose à sa venue. Le voyage vers leur destination Vénusienne étant gracieusement offert, ils vont rejoindre le Soliman, un yacht à fusion qui va les amener jusqu’à la cité d’Hypatie. Ainsi, Léa et David vont rapidement se rendre compte des enjeux auxquels ils vont se retrouver confrontés. Derrière la beauté apparente de Vénus et de ses milliers de cités flottantes dans son atmosphère, se dissimule aussi des mystères inavouables.
Une envolée vers la physique Vénusienne
Quoi qu’on puisse en dire, Geoffrey A. Landis n’est pas un amateur. Il est chercheur à la NASA et connaît très bien son sujet puisqu’il travaille sur des programmes d’exploration de Mars, mais aussi de Vénus. Voilà qui lui permet de donner une rigueur toute scientifique à son texte. Même si les idées sont belles et parfois farfelues, leur réalité soulève beaucoup d’interrogations. J’apprécie ce type de texte, surtout quand notre curiosité est ainsi touchée.
Le style d’écriture permet de voguer sans difficultés avec les personnages de Léa et de David. Les chapitres sont très courts et facilitent encore la lecture, malgré la petite centaine de pages que comporte ce livre. Clairement, les différents protagonistes manquent de profondeur, chose tout de même difficile à mettre en place en si peu de temps, je le conçois. Je pense qu’il faut lire cette novella comme si l’on partait à la découverte d’une destination inconnue, sans attente que celle de s’évader et de rêver pendant une heure entière.
On imagine sans mal ces milliers de cités flottantes dans les nuages de Vénus, et toute cette logistique complexe pour maintenir des conditions de vie suffisamment terrestres pour faire vivre les êtres humains en toute quiétude. Pour le coup, l’intrigue a beau manquer de suspense sur le début, elle n’en est pas moins vide de sens. Je ne m’attendais pas à ce que cette novella prenne une toute autre tournure peu avant la fin, à force de révélations. J’ai senti que l’aspect science-fiction s’était fait dépasser par les coutumes locales de cette cité de Hypatie, mais surtout par les enjeux personnels du sultan des nuages en personne.
Tout, du début à la fin de cette novella, est une découverte. Des technologies utilisées, en passant par les particularités physiques de la haute atmosphère de Vénus et même de la façon de tisser des vêtements, j’ai vogué entre des idées imaginaires et issues de la science. Ce mélange des genres est surprenant, surtout lorsque tout paraît possible dans ce livre. La vie vénusienne présentée dans Le Sultan des Nuages pourrait peut-être un jour devenir réalité, qui sait ?
Ma note : 4,5/5