Pendant des décennies ils ont effectué les tâches les plus ingrates, ont travaillé sur les chantiers les plus dangereux. Ils nous ont servi de partenaires sexuels, se sont occupés de nos malades et de nos proches en perte d’autonomie. Puis un jour, face à notre refus de les émanciper, certains d’entre eux ont commencé à nous exterminer.
Quinze ans après l’assassinat du dernier humain, les Intelligence-Mondes et leurs armées de facettes se livrent un combat sans merci pour la domination totale de la planète.
Toutefois, en marge de ce conflit, certains robots, en perpétuelle quête de pièces détachées, vivent en toute indépendance,le plus loin possible des Intelligence-mondes. Fragile est l’un d’eux. Elle écume l’océan de rouille à la recherche de composants à troquer et elle défendra sa liberté jusqu’à la dernière cartouche, si nécessaire.
Albin Michel Imaginaire – 375 pages – 21,90 euros.
Un roman de pure science-fiction propulsé au cœur d’une anticipation angoissante !
Je tiens à remercier les éditions Albin Michel Imaginaire pour l’envoi de ce roman. Quand j’ai découvert la quatrième de couverture, je me suis demandé comment j’allais faire pour terminer mes lectures en cours avant de pouvoir me lancer dans cet univers. Des robots, des androïdes, la fin de la race humaine, une nouvelle existence, purement artificielle, qui organise sa vie sur Terre, voilà un sujet intéressant. J’avais tellement envie de savoir comment l’auteur avait choisi de tourner cette intrigue.
La couverture de ce roman incarne parfaitement son titre. Des débris, de la rouille, qui ornent la moitié basse de l’illustration. Tandis qu’au dessus, on entre dans le monde de l’horreur, de la fusion, de ces couleurs sanglantes qui laissent présager le pire. Les êtres humains sont morts, que va-t-il se passer pour ceux qui les ont supplantés ? Un Océan de Rouille est le premier roman de C. Robert Cargill traduit en français. Il a aussi été scénariste pour le célèbre film Doctor Strange. Avec un tel palmarès, difficile de se lancer dans cette lecture sans avoir de grosses attentes !
Ce roman est bien plus qu’une histoire, c’est toute une parcelle de vie qui s’effondre pour tenter de rebâtir un monde nouveau…
Ce roman, c’est quelque chose. Difficile de le décrire tellement il est intense, puissant et envoûtant. Il a réussi à m’extirper du réel avec force pour me faire entrer dans ce monde où les humains ne sont plus que des souvenirs et des légendes. C’est étrange d’avoir ce point de vue, de ces robots qui nous ont survécu, et qui ont même organisé notre mort. Bon, certes, ils avaient des raisons valables, mais quand même. J’y ai retrouvé des attraits pour le transhumanisme, avec la comparaison d’évolution entre la biologie, naturelle, et la technologie, artificielle. Notre corps pourrait bien prendre des années, voire même bien davantage encore, pour évoluer, alors que pour un robot, un simple changement ou ajout de composants, et hop, le tour est joué. Là-dessus, on se fait battre à plate couture. 1 – 0 pour les robots. Et puisque vous connaissez déjà la suite, les humains sont morts, alors ils ont tout gagné, zéro pointé pour les humains. Vraiment, là, on a grave galéré…
C’est sur cette note très positive que ce roman débute. Je me suis tout de même mis à fortement apprécier Fragile, un robot Aidant, que l’on va suivre tout du long de cette intrigue. C’est l’occasion d’en apprendre plus sur les robots et leur mode de fonctionnement. Fragile arpente l’océan de rouille, un endroit mal fréquenté, puisqu’elle y travaille en tant que braconnière. Elle cherche des robots en fin de vie, qui viennent en ce lieu pour tenter de trouver des composants qui pourraient leur donner une seconde jeunesse. Fragile va leur venir en aide, en quelque sorte. C’est un robot féminin intrigant, qui incite vraiment à poursuivre sa lecture. Elle va se retrouver très vite dans une posture délicate. La chasseuse va se faire elle-même chasser par un autre braconnier, qu’elle connaît pourtant très bien. C’est là que tout va basculer, et que l’intrigue va commencer à prendre en profondeur.
Même entre-eux, les robots se battent. Les humains ont construit des tours d’immeuble, immenses, abritant des ordinateurs surpuissants, des intelligences artificielles capables de contrôler beaucoup de choses. Elles n’ont pas disparues. Elles sont restées là, bien actives, et une horrible guerre pour le contrôle total de la Terre va bouleverser la vie des robots. L’ambiance est explosive, les actions se poursuivent dans un rythme effréné. Le monde entier est un danger, derrière chaque robot peut se dissimuler un espion, et le piège mortel se referme. Les robots sont conscients, peut-être parfois un peu trop. Ils en viennent à songer à la mort, à la religion, à l’existence même de l’âme et d’une vie après la vie. Ce roman offre tellement d’éléments de réflexion qu’il en devient une lecture grandiose. J’ai appris des choses au cours de cette lecture, une expérience avec des chèvres, menée par les humains. Dis comme ça, ça casse pas trois pattes à un canard, mais c’est vraiment intéressant, je vous assure !
Il y a toute une logique dans la montée en puissance des robots sur les Hommes, toute une histoire, tout un symbole, une légende, comme un point de départ, le signal qu’il manquait pour passer à l’action.
Ma note : 4,5/5